Une renaissance...

Ceci est l'histoire de la soirée qui bouleversa la vie de Koudelka et de Balthus.

C’était une soirée automnale plutôt fraîche, avec un ciel dégagé qui permettait d’observer les étoiles et la lune. Comme à son habitude, Balthus se reposait à l’auberge de Mérulik, suite à une chasse aux monstres éprouvante. Il pansait ses blessures, et l’image de sa belle protégée lui traversa l’esprit. Koudelka était douée, et elle dépassait les espérances de Balthus. Dans peu de temps elle serait assez expérimentée pour poursuivre son chemin sur les terres dangereuses d’Alidhan. Le magicien s’allongea sur sa paillasse, ferma les yeux en espérant trouver le repos, mais devant lui se tenait sa disciple, telle une image permanente sur la rétine.
- Elle doit sûrement être en train de progresser en chassant dans la vallée de Ceth, se dit-il. Il serait préférable que j’aille voir si tout se passe bien, car la région n’est pas sûre en ce moment.
Balthus se leva d’un bond et prit ses affaires. Il ouvrit sa besace pour vérifier que son présent était toujours à sa place. Il s’agissait de feuilles de chamallas permettant une très bonne et rapide guérison des blessures. Il les avait récupéré sur la dépouille d’un monstre tué la veille. Il a l’intention de les offrir à Koudelka pour la récompenser de ses efforts et de ses progrès.

Il sortit de sa chambre et referma la porte derrière lui. Il se retourna pour partir et se mit aussitôt en garde, prêt à se défendre car un mage et une moniale du camp des exilés se tenaient dans le couloir. Mais ceux-ci avaient l’air pressé d’aller se reposer et ne firent aucunement attention à Balthus. Il profita de ce moment de répit pour rejoindre l’aubergiste et la payer. Il traversa l’unique entrée de la case de Mérulik et se retrouva au milieu de la ville sous le ciel étoilé. La brise fraîche lui gifla le visage, caché sous la capuche de sa cape, comme à son habitude quand il sort. Il prit la direction de la vallée de Ceth. La nuit était calme, on n’entendait que le bruissement des feuilles agitées par le vent glacial. Balthus était seul mais il se déplaçait silencieusement au milieu de cette nature qui ressentait déjà les effets de la saison.

Il ne mit pas longtemps à rejoindre la vallée car il connaissait le chemin par cœur maintenant. Il repéra quelques chasseurs Cartellois solitaires qui s’étaient endormis, pensant certainement qu’ils ne couraient aucun risque à se reposer ici.
Le magicien fit quelques pas et aperçut alors son élève sur le bord du lac aux prises avec des grenouilles. Il l’observa quelques instants, se réjouissant du talent qu’elle montrait pour se débarrasser des monstres, et Balthus en éprouva une certaine fierté. Il s’approcha d’elle lorsque sa disciple se reposait à la suite d’une attaque fatale portée à l’un des monstres.
- Coucou Koudelka. Comment vas-tu ?
- Bonsoir Balthus. Je vais bien et toi ?
- Ca va. Je vois que tu as presque atteint le niveau pour pouvoir parcourir les terres de Mérulik à mes côtés.
- Oui, j’espère y arriver ce soir, répondit-elle avec un large sourire qui en disait long.
- Je l’espère aussi, dit Balthus en répondant à son sourire par la même expression.

Il s’installa sur un rocher à côté de sa protégée et regarda le reflet des étoiles et de la lune dans l’eau du lac. Ils discutèrent ainsi de l’Ordre de la Renaissance et des améliorations futures à apporter pour faire évoluer leur guilde. Puis pendant un instant de calme où régnait le silence, Balthus ouvrit son sac, prit les feuilles et tendit le présent à Koudelka.
- Tiens, je t’offre ce petit cadeau pour te récompenser de tous tes efforts.
Koudelka lui prit les feuilles des mains et le remercia grandement pour ce don généreux.

Après un court instant, elle se releva et jeta ses dernières forces sur une grenouille qui passait par là. Balthus en profita également pour abattre quelques uns de ces monstres en envoyant quelques projectiles magiques de sa conception. La magicienne se rapprocha de lui et d’un air boudeur lui dit :
- Je suis déçue, j’étais à deux doigts d’y arriver ce soir !
- Ce n’est pas grave, tu es très douée. Je suis persuadé que tu y arriveras demain.
Ces dernières paroles remontèrent le moral de la jeune femme et elle retrouva son sourire habituel que Balthus aimait tant.
- Il se fait tard, je vais rentrer au chaud à l’auberge et me reposer, remarqua Koudelka en grelottant.
- Très bien, tu le mérites. Souhaites-tu que je te raccompagne ?
- Non merci, ce ne sera pas nécessaire.
Elle réfléchit un instant puis regarda Balthus droit dans ses yeux rouges.
- A moins que tu ne veuilles partager les frais de la chambre avec moi pour que l’on puisse se tenir chaud.
Le magicien la regarda, surpris par cette proposition. La lueur de la nuit étoilée se reflétait sur la peau blanche de la jeune femme, ce qui donnait une impression de pureté indescriptible qui émanait de son corps. Il tomba sous le charme et commença à désirer cette déesse qui semblait être toute droit sortie des eaux luisantes du lac.
- J’accepte avec plaisir cette invitation.
Ce fut les seuls mots qu’il pu prononcer, sans pour autant détourner les yeux de la plus belle créature qui lui fut révéler jusqu’à ce soir là.
- Je t’attends à l’auberge, dit-elle d’une voix chatoyante.

Et elle se retourna et pris la direction de Cyrosh. Le temps de retrouver ses esprits, Balthus emprunta le même chemin, guidé par un désir grandissant de retrouver Koudelka.

Durant tout le trajet, une seule pensée lui envahissait l’esprit, l’invitation de sa protégée à partager leur chambre pour la nuit. Sur la route du retour, il ne fit même pas attention aux personnes qui chassaient aux alentours ni à celles qui se reposaient, adossées contre un arbre. Il traversa ainsi toute la vallée de Ceth et atteint les portes de Cyrosh. Il les franchit sans un regard vers le garde qui l’observa quelques secondes avant de reprendre sa position initiale pour surveiller la vallée. Il continua son chemin et pénétra sur la place publique. Ces derniers temps, elle était très animée et regorgeait de monde et d’activité. L’armurerie et la banque était encore éclairée, et Balthus avait certainement quelques objets à vendre suite à ses dernières parties de chasses, et quelques piécettes à déposer à son coffre par la même occasion, mais ce dernier ne s’arrêta pas et fila tout droit en direction de l’auberge.

La salle était presque déserte. Quelques guerriers étaient attablés et discutaient de leurs exploits de la journée. Devant la cheminée se tenaient une magicienne et un archer en pleine discussion également. Et au milieu de la pièce, assise sur une chaise, accoudée à sa table, telle une princesse sur son piédestal se trouvait Koudelka. Elle était rayonnante dans sa robe blanche, son voile sur les épaules, ses cheveux long couleur blé. Elle était en pleine conversation avec l’aubergiste. Elle tourna alors la tête en direction de l’entrée et croisa le regard de Balthus. Elle lui sourit. Un frisson parcourut l’échine du magicien. Il s’approcha de sa table. Sans un mot elle se leva et lui prit la main pour l’emmener dans une chambre du bâtiment. Ils entrèrent dans l’une des pièces puis ils refermèrent la porte derrière eux. Koudelka alla s’asseoir sur le bord d’un des deux lits, puis elle tendit la main à Balthus en signe d’invitation. Celui-ci s’approcha.
- Je suis contente que tu sois venu, dit-elle.
- Le plaisir est partagé, répondit le magicien. J’ai un petit cadeau pour toi que j’ai trouvé sur le chemin.
Le visage de la jeune femme s’illumina. Elle fit une moue de jeune fille :
- C’est vrai ? Qu’est-ce que c’est ?
Balthus prit la sphère invisible entre ses mains et la tendit devant lui. Puis il se concentra et fit réapparaître ce qu’il avait caché. Il l’a déposa dans les mains de la magicienne et il fit disparaître la sphère. Les lucioles s’envolèrent à l’instant ou la magie disparut et vinrent virevolter autour de Koudelka avant de se disperser dans la pièce. L’expression de la femme venait de changer. Elle avait assisté à ce spectacle avec les yeux brillant et tenait délicatement dans ses mains tremblantes la fleur. Elle la posa doucement sur le lit et releva la tête vers le magicien. Une larme coulait le long de sa joue, et elle montrait une émotivité touchante. D’un geste tendre, Balthus essuya cette goutte qui glissait sur sa peau blanche et douce en passant délicatement sa main sur sa joue. Koudelka pressa sa tête contre cette main qui venait de la toucher en fermant les yeux et resta un moment dans cette position. Lorsqu’il retira sa main, elle rouvrit les yeux et s’approcha doucement de l’homme qui se tenait devant elle. Elle s’apprêtait à retirer la capuche de la tête du magicien, et surprit celui-ci eut un mouvement de recul.
- N’ais aucunes craintes, dit-elle doucement.
Il se laissa faire et elle retira la capuche blanche dévoilant le visage grisâtre de Balthus.
- Mon apparence ne te fait pas peur ? demanda-t-il gêné.
- Non. Je me fie à l’âme qui se cache au fond de la personne, et la tienne est exceptionnelle.
Balthus ferma les yeux. Il ressentit à l’instant l’aura magique de la femme qui se tenait à quelques centimètres de lui. Elle avait une teinte mauve, comme la fleur qu’il lui avait apportée. Il ne s’était pas trompé en lui offrant ce présent, et savait qu’elle était faite pour elle. Les fils d’énergie violet de l’aura de Koudelka se mêlaient aux fils rouge de celle de Balthus. Puis il sentit deux mains lui enlacer le visage, et la magicienne déposa un baiser sur ses lèvres. Il la prit dans ses bras et la pressa délicatement contre lui pendant un temps qui lui sembla une éternité. Au moment où ils relâchaient leur étreinte, il attira la fleur dans sa main par magie et la glissa dans une mèche de cheveux de sa bien aimée, puis il l’attira à nouveau dans ses bras et l’enlaça tendrement.

Ainsi commence une histoire qui changea la vie de Koudelka et Balthus. Depuis cette nuit, ils ne se séparaient que rarement, et profitaient de chaque instant qu’ils vivaient ensemble.